Election après élection, il s’avère que le principal vainqueur au lendemain du scrutin est invariablement l’abstention. Ceci est une réalité également à l’échelon communal. Lors du dernier scrutin communal en 2012, le taux de participation en Wallonie a baissé de 4% par rapport au précédent scrutin et pas moins de 316.104 des 2.565.325 électeurs inscrits ont décliné l’invitation à voter. Cela représente 12,3% des électeurs, auxquels on ajoute 151.314 votes blancs ou nuls, c’est à dire 6,7%.

Triste record, le plus fort taux d’abstention concerne la province de Liège avec près de14%. Et la ville Liège signe même un plus triste record encore puisque près de 20% des électeurs n’ont pas voté (contre 13% en 2016) et que 6.6% ont voté blanc (contre 5.5% en 2006). Au total ce sont environ un quart des électeurs qui ont déserté la démocratie représentative telle qu’elle (dys)fonctionne aujourd’hui dans notre commune. Après les scandales comme Publifin et le dégoût qu’ils suscitent, on peut craindre que ce chiffre grimpe encore en octobre prochain. 

En soit, Vert Ardent constitue une première réponse.  En mettant en place une structure politique d’un genre nouveau, participative et largement ouverte aux citoyens non encartés, en mettant un soin particulier à faire vivre la démocratie en son sein, notre mouvement raccroche des citoyens à la noble cause qu’est (ou devrait être) la gestion de la cité. Mais cela demeure une goutte d’eau insuffisante. 

Le fait de dégouter une part croissante de la population de la politique est sans doute la responsabilité d’une série d’élus qui font de ce qui devrait être un temps de notre vie consacrée à autrui, une activité professionnelle, lucrative ou simplement valorisante par le pouvoir (symbolique ou réel) qu’elle confère. Mais c’est également la responsabilité et l’objectif de technocrates et de cyniques divers qui entendent nous priver de notre capacité collective à contester la société socialement injuste et écologiquement mortifère dans laquelle nous vivons, et à en construire une autre. Rendre goût largement à la politique, au sens noble du terme, est donc un objectif majeur si nous voulons éviter de sombrer dans la populisme et de voir se poursuivre le suicide sociétal actuel.

La commune est la première institution publique, la plus proche, à travers laquelle nous « faisons société ».  C’est donc aussi à travers elle qu’il nous faut en premier réinventer une autre façon de gérer le bien commun, d’instaurer le dialogue entre élus et « simples » citoyens, de préserver le bien commun de la soif d’argent et/ou de pouvoir qui salit tout.

Vert Ardent a consacré tout un chapitre à la question de la démocratie. Au cœur de celui-ci, on retrouve l’idée qu’il est nécessaire de mettre en place une approche ascendante des décisions, qui consiste à faire émerger les initiatives des citoyen(ne)s.

Et concrètement ?

Nous reprenons bien évidemment l’idée de budgets participatifs (qui semble désormais reprises par d’autres même si très timidement le plus souvent) et d’Assemblées et de Conseils de Quartier (à l’échelle de 14 quartiers) que j’ai développée par ailleurs.  Surtout nous introduisons le principe de tirage au sort.  C’est là une réelle révolution démocratique.  Il s’agit en effet de casser les dynamiques de représentations actuelles qui induisent une très faible représentativité sociale des élus, ainsi qu’un déséquilibre de genre.  Les Conseils de Quartier seront ainsi composés de citoyen(ne)s tirés au sort, en respectant la parité hommes/femmes, de représentant(e)s des maisons de jeunes désignés selon des modalités à définir (afin d’impliquer plus de jeunes souvent éloignés de la politique) et de membres du personnel de l’administration (dont nous entendons faire un acteur central de cette transformation démocratique). Ils seront ouverts (à titre consultatif) aux membres des comités de quartier existants et aux conseillers communaux. Les mandats seront renouvelés tous les deux ans, et il ne sera pas possible d’exercer plus de deux mandats consécutifs.

Dans l’idée de reconstruire du lien et de sortir des dynamiques conflictuelles souvent associées à l’action politique, le mode de décision privilégié au sein des Conseils de quartier et de l’Assemblée de quartier serait le consentement, sur base des techniques d’intelligence collective. A défaut, en dernier recours et afin de ne pas paralyser les processus de décision, les décisions seraient prises par vote à la majorité des présents.

Bien évidemment, la création de ces conseils ne doit en rien nuire à la vie des Comités de Quartier dont la fonction est complémentaire.

Nous prônons en outre la transparence de l’action publique sans laquelle rien n’est possible et la publicité de l’information, et pas uniquement via des outils numériques comme le site internet de la ville.  Nous proposons par exemple de pouvoir accéder à l’information communale dans des lieux décentralisés comme les espaces numériques des bibliothèques et les mairies de quartiers. Nous proposons également que du personnel spécialisé soit présent pour former ou accompagner les usagers dans leur recherche d’information.

Nous proposons encore un droit d’interpellation et d’initiative citoyenne, la consultation communale, la mise en place d’une maison de la citoyenneté ou la création d’un échevinat de la participation.

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