Invité ce matin de l’émission Matin Première (Suis-je le seul à être lassé d’avoir toujours les 10 mêmes invités politiques à cette émission, renforçant d’autant la sclérosante personnification du débat politique?  Je veux des seconds couteaux.  Je veux des troisièmes couteaux.  Je veux des petites cuillères aussi.), Michel Daerden a martelé ses priorités.  Au cœur d’une argumentation pâteuse, le maître d’Ans a rappelé ce qui constitue à ses yeux mi-clos la priorité des priorités, la suppression de la télé-redevance.

Pour celles et ceux qui le cherchaient encore, voilà donc où se terre aujourd’hui l’idéal socialiste du Ministre des Sports et de la Fonction Ethylique (Le jeu de mot est facile mais en dépit des laïus sur « sa résistance incroyable » ou sur «sa grande capacité technique », je demeure persuadé que l’alcoolisme, toxicomanie dont il est gravement atteint ainsi qu’en témoignent de nombreux indicateurs physiques, a des conséquences avérées sur ses capacités intellectuelles et organisationnelles. Dès lors, il est plus que légitime de rappeler sans concession cette incompatibilité médicale avec l’exercice de la fonction qui est la sienne et ce à contre courant de la gentille gaudriole médiatique dont il sait jouer avec ruse pour soigner sa popularité.). Point de réduction du temps de travail (comme conséquence logique à l’augmentation faramineuse de la productivité et solution au chômage structurel massif), point de relance du secteur public (et d’opposition farouche au nouveau cheval de Troie du capitalisme financier que sont les PPP), point d’investissement conséquent dans l’enseignement alors que l’on annonce des résultats (notamment à la lecture) catastrophiques liés pour une bonne part au sous-investissement chronique des dernières années, point de solidarité avec les générations futures via par exemple un ambitieux plan public de tiers-investisseur dans les secteurs de l’isolation et/ou de la production d’énergie verte, mais la télé gratos pour tous (Notons au passage, l’argent pour les mesures publiques n’étant pas disponible à foison, que celles et ceux (trop rares) qui n’ont pas de télévision sont les premières victimes de ce choix]). 

Panem et circenses (Trad. « du pain et des jeux »), écrivit au IIème siècle le poète satirique romain Juvénal afin de qualifier la façon dont l’empereur et la classe politique instrumentalisaient le peuple et s’assuraient ses bonnes grâces en le « légumifiant » (On passa en effet de 76 jours de jeux annuels à la fin de la République à 175 au milieu du IVe siècle sous l’Empire ce qui soit dit en passant est une nouvelle illustration du rôle régressif du sport dont je faisais état dans un précédent post « Cinq vérités dérangeantes sur les Jeux Olympiques et le sport « moderne ») dans le même temps qu’était pulvérisée la République.

Quasi XX siècles plus tard en Wallonie, un népotique ministre PS, héritier supposé de l’idéal socialiste (Petite piqure de rappel bien utile à l’égard de certains : « Le socialisme désigne un système d’organisation sociale basé sur la propriété collective (ou propriété sociale) des moyens de production, par opposition au capitalisme. Il est l’objectif de divers courants apparus et développés depuis le XIXe siècle, et ayant abouti aujourd’hui aux différents courants marxistes et anarchistes, ainsi qu’aux sociaux-démocrates. Le mouvement socialiste recherche une justice sociale, condamne les inégalités sociales et l’exploitation de l’homme par l’homme, défend le progrès social, et prône l’avènement d’une société égalitaire, sans classe sociale.») de libération et de progrès de Jaurès et d’André Renard, semble soucieux d’entretenir sa popularité médiatique avec les mêmes impériales méthodes.

La télévision, surconsommée, renonçant progressivement à ses missions de service public, pour l’essentiel abrutissante et abêtissante, est aujourd’hui un acteur central de la destruction du tissu social, lequel tissu social est à la base même de l’organisation puis de la mobilisation ouvrière dont est issu le parti socialiste et plus généralement la gauche.

Michel Daerden, représentant symptomatique de la perte d’identité idéologique – au sens noble et non dogmatique du terme –  de son parti, figure de proue de la frange la plus réactionnaire et droitière du PS, prépare activement une armée de petits soldats de la pensée unique.  « Daerden et circenses » s’écrie-t-il gaiement (ce que l’on pourrait librement traduire par « du vin et des jeux »). Ce faisant, il affaiblit (sinon condamne) à terme le camp des progressistes. Mais si « Tout le monde aime papa », papa lui s’en fout.  Devant un circuit de F1, dans un stade, à côté d’une nouvelle autoroute où via un poste de télévision, il soigne avec populisme et cynisme ses intérêts à court terme.

Naturam expelles furca, tamen usque recurret (Trad. « Chassez le naturel à coups de fourche, il reviendra toujours ») (HORACE, liv. I, épitre X, v. 24).

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