Malgré les risques de récupération qui pèsent sur lui suite aux récentes mesures européennes, le développement du bio est un phénomène très intéressant.  De manière plus globale, le fait de nous intéresser à nouveau à ce que nous consommons et de rendre une place (et non toute la place) aux solutions médicales naturelles est positif. Malheureusement, se camouflant sous une étiquette bio,  on voit se greffer à cette tendance des {bio-réactionnaires} (parfois {bio-évangélisateurs} d’ailleurs) et des {bio-charlatans}.  Désagréable pointe de l’iceberg de cette tendance chez nous, le magazine BioInfo ouvre ses pages à des publicités et à des articles au message contestable et même dangereux.

La ligne éditoriale du journal

Il y a quelques mois, le journaliste {The Mole} pointait sur son blog la ligne éditoriale passablement réactionnaire du journal BioInfo, lequel s’en prenait alors à l’épidémie des divorces, à la banalisation de l’homosexualité aux homosexuels ou encore aux lobbys IVGistes (Voir « Bio tendance réac' »).  De fait, s’il aborde des thèmes importants comme les pollutions électromagnétiques ou les biocarburants, ce journal se caractérise surtout par une ligne éditoriale où se mêlent intégrisme vert et conservatisme moral.

La publicité et son contenu.

Le journal BioInfo étant en partie  gratuitement distribué, il s’autofinance via la publicité.  Si ce concept de journaux financés par la publicité a démontré ses limites et les risques qu’il génère en matière d’indépendance éditoriale, on peut concevoir que la présence massive de publicité dans le magazine s’explique. Le contenu de celles-ci relève toutefois d’une certaine déontologie journalistique.  Or, force est de constater qu’en la matière BioInfo s’autorise d’étranges « parraineurs ».

Le biomagnétisme humain

Connaissez-vous le biomagnétisme humain? Et la biochirurgie immatérielle? Alors les stages de Jean-Marie Bataille, chercheur en énergies biologiques sont faits pour vous ! Jean-Marie Bataille donne, comme il se doit, des exemples concrets des impressionnantes réussites de cet « art de redonner la santé grâce à ses propres énergies ».  Un homme percuté par une voiture a les vertèbres endommagées et se déplace dans un fauteuil roulant de puis 16 ans. Il a tenté sans succès d’innombrables séances de rééducations manuelles, mécaniques et électriques. Une petite séance de biomagnétisme humain avec Jean-Marie Bataille et ses stagiaires suffira et il se remettra à marcher. L’explication ? Ses jambes étaient « saturées en énergies usées empêchant les messages électromagnétiques de circuler ». Jean-Marie Bataille sait comment « désincruster les dépôts d’énergies usées et rétablir la circulation énergétique ». Moyennant une somme non déterminée, il vous l’expliquera.

On peut simplement rire de ce genre de fadaises comme l’on rit des marabouts qui ramènent l’être aimé dans les 48 heures ou des lotions magiques qui font repousser une crinière impressionnante sur la tête des plus dégarnis.  Mais quand elles prennent deux pleines pages précédées du simple intitulé « communiqué » dans un magazine diffusé à 40.000 exemplaires en Belgique francophone et que l’on retrouve dans toutes les superettes et restaurants bio et même dans certaines pharmacies, cela coupe toute envie de plaisanter.    

Il est temps de dire « STOP ! » à l’obscurantisme, fut-il bio

Dans le numéro 70 de BioInfo, on nous propose les « poudres harmonisantes » issues du Système P.I.E (Porteurs d’Informations d’Energie) qui appliquées sur vos murs, plafonds et sols « rayonneront en permanence un champ vibratoire ré-harmonisant et transformeront au niveau subtil (sic) la qualité énergétique de vos espaces de vie », une « éco-douche » qui utilisant le même système P.I.E. permet « d’harmoniser et d’optimiser la qualité énergétique de l’eau », ou encore des appareils à « champs magnétiques pulsés » qui permettent de « soigner dépressions nerveuses et {{toutes}} les maladies dégénératives ». Fini Alzheimer ? Fini Parkinson ? Finies les myopathies ? Faut-il dès-lors arrêter d’urgence la recherche concernant ces graves maladies ?

Même si cela est via les publicités, il est insupportable de lire dans un magazine si largement diffusé, de telles inepties enrobées d’un verni pseudo-scientifique. C’est irresponsable et même criminel pour peu qu’un seul lecteur atteint de maladie dégénérative délaisse une thérapie sérieuse pour de telles fariboles [[La parallèle avec les prises de position du pape refusant l’usage du préservatif alors que le SIDA fait des millions de victimes peut être fait.]].  L’alternative bio n’a pas besoin d’être associée à des charlatans et même à de véritables obscurantistes. La ligne éditoriale postmoderniste de ce journal n’est pas non plus acceptable lorsqu’il se fait le chantre de pseudos-sciences.  [[Je discutais récemment avec une gynécologue qui se disait outrée de voir le nombre de femmes qui, victimes d’un véritable chantage moral (souvent exercé par des hommes), optaient pour un accouchement sans péridurale s’infligeant inutilement des souffrances et ce aux dépends d’un accouchement dont elles pourraient profiter plus pleinement.]]

En conclusion

Afin de dénoncer cette situation, il est temps que les propriétaires des magasins bio commencent à refuser ce journal et que des personnes (et même des scientifiques) de qualité cessent d’y collaborer. Dans le numéro de Juin de BioInfo, Paul Lannoye accordait une interview sur un sujet important, les nanotechnologies. Entre une publicité pour la psycho-généalogie, la kinésiologie et l’urino-thérapie, il offre ainsi à ce « journal », une caution scientifique qu’il ne mérite pas.  

Catégories : Préhistoire