Combien de fois n’ai-je entendu dire que si l’on vivait un refroidissement et non un réchauffement climatique, il serait bien plus commode de mobiliser la population pour une réduction des émissions de gaz à effet de serre. Au-delà de la boutade, il semble clair qu’il est plus aisé – ou plus exactement un peu moins difficile – de mobiliser population et autorités contre les pollutions que l’on perçoit et dont on peut ressentir (quasi) physiquement l’impact négatif.
Alors qu’elle est en véritable explosion, la pollution électromagnétique ne mobilise pas. Avec la pollution de l’air (responsable entre autre du réchauffement) et la pollution chimique des sols, elle constitue pourtant la troisième catastrophe « sanitaire » majeure qui nous menace et probablement, à moyen terme, la plus mortifère.
Une étude explosive
Ils sont vingt-six, ils sont scientifiques, chercheurs ou professionnels de la santé et ils viennent de faire le point dans une volumineuse étude intitulée « Bio Initiative » sur l’état de la recherche consacrée aux pollutions électromagnétiques et à leurs conséquences sanitaires compilant plus d’une centaine d’études (http://www.bioinitiative.org). Leur conclusion est limpide : « Notre société ne peut plus se payer le luxe d’attendre avant d’agir ». (Notez que l’étude porte sur les radiations de type radiofréquence (matériel sans fil, antennes GSM et antennes radio-télé) mais aussi sur les champs électromagnétiques de très basse fréquence (matériel électrique et électronique ainsi que lignes électriques).)
Que révèle cette étude ? Nous baignons dans un brouillard électromagnétique (en anglais electrosmog) dont l’intensité croît exponentiellement, croissance amplifiée suite à l’avènement des GSM (plus de 2 milliards à ce jour) et des réseaux internet sans fil (WiFi). Or les êtres humains sont des systèmes bioélectriques. Notre cerveau et notre cœur sont régulés par des signaux bioélectriques et l’exposition à des champs électromagnétiques artificiels peut interagir avec nos fonctions biologiques causant des dommages importants. L’étude relève notamment une augmentation du risque de cancers (leucémie infantile, tumeur au cerveau, cancer du sein,…), de modification du système nerveux et de dysfonctionnements du cerveau (maladie d’Alzheimer,…), de modification de l’ADN ou encore d’affaiblissement du système immunitaire. [[Pour celles et ceux qui lisent l’anglais, un résumé de 28 pages de cette étude est disponible ici.
Un danger nommé OMS
Digne héritière du sulfureux Michael Repacholi (Voir), Emilie van Deventer en charge du dossier des rayonnements électromagnétiques à l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) tente pour sa part de noyer le poisson. Une étude est en cours. Elle sortira pour … 2010. Circulez, il n’y a rien à voir ! La collusion de l’OMS avec les milieux industriels serait moins grave si les gouvernements ne se référaient quasi systématiquement à ses recommandations pour établir leurs normes.
En Belgique
En Belgique, Rudy Demotte, le Ministre de la Santé, devenu Premier wallon et qui veut « libérer le marché » (Source : Le Soir 29/8/2007), a ignoré superbement les recommandations – pourtant déjà très lâches – du Conseil Supérieur de la Santé (3 Volts par mètre) dans lequel se trouvent des scientifiques belges de renom comme le professeur André Vander Vorst, pour établir une norme à 20.6 V/m soit six fois plus. Le rapport « Bio initiative » recommande aujourd’hui 0.6V/m soit cinquante fois moins !
Attaquer le mal à la racine
« Marché libéré ». On touche ici au cœur de problème. Les intérêts financiers en jeu sont considérables. Les télécommunications, secteur privatisé, sont devenues en quelques années un gigantesque secteur économique. Les dépenses en téléphonie, et particulièrement en mobilophonie ont explosé. Le sans-fil est partout, des GSM aux DECT (téléphones sans fil) en passant par le WiFi (internet sans fil).
En Allemagne, l’Etat recommande d’éviter les installations WiFi à la maison, en Angleterre on projette de l’interdire purement et simplement dans les écoles,… Mais les gouvernements n’osent prendre aucune mesure véritablement conséquente. Le principe de précaution ne fait pas long feu face aux lobbies industriels.
Nous paieront le prix de la gabegie actuelle mais il est encore temps de ne pas alourdir la note. Qu’il s’agisse de réchauffement climatique ou de pollutions électromagnétiques, il est nécessaire – vital même – de nous opposer à la logique économique actuelle si nous voulons sortir de l’ornière et éviter des catastrophes sanitaires gigantesques. Nous n’avons pas des dizaines d’années devant nous pour opérer ce changement radical de cap et l’imposer aux dirigeants économiques et politiques.